LA GRANDE LIBRAIRIE Mercredi 10 janvier 2024 : Sylvain Tesson, Cécile Coulon, Hervé Le Corre, Marion Fayolle, Denis Infante

Pour ouvrir cette année que l’on vous souhaite exaltante et lettrée, La Grande Librairie fait le pari de la beauté. À l’heure où règne la tentation de la noirceur, quelle place pour la lumière, l’émerveillement, l’humanité ? Cinq écrivains, dont deux primo-romanciers, enchantent cette rentrée d’hiver en allant les chercher du côté de la nature, de la fraternité et de la poésie.

Sylvain Tesson : Avec les fées
Dans Avec les fées (Équateurs), Sylvain Tesson nous embarque dans un périple le long des côtes atlantiques, de la Galice jusqu’en Écosse, en passant par la Bretagne, les Cornouailles ou l’Irlande. Au gré de ses escales et de paysages à couper le souffle, il se laisse surprendre par le jaillissement du miracle, de l’immémorial et d’une certaine idée de la perfection. Cultiver notre disposition à l’émerveillement pour mieux s’extraire de la violence du monde, tel semble être l’enseignement des fées que convoque ici Sylvain Tesson.

Cécile Coulon : La langue des choses cachées
À seulement 33 ans, Cécile Coulon s’est imposée comme l’une des voix les plus singulières de sa génération. Avec La langue des choses cachées (L’Iconoclaste) elle poursuit son exploration des forces mystérieuses de la nature et de l’humain. À travers ce conte glaçant, expérience initiatique d’un jeune guérisseur confronté à la souffrance d’une femme, elle réveille les fantômes d’une violence ancestrale. Un livre dense, où l’empathie apparait comme une réponse possible à la brutalité du monde.

Hervé Le Corre : Qui après nous vivrez
Une brutalité qui n’a jamais échappé à Hervé Le Corre. Maître incontesté du roman noir, Qui après nous vivrez (Rivages/Noir), est une plongée vertigineuse dans un futur d’apocalypse : après une panne électrique généralisée, le monde s’éteint. Un groupe d’individus essaie de survivre au chaos et erre dans un décor dévasté à la merci des pillards. Au récit de leurs péripéties, se greffent les portraits successifs de plusieurs générations de femmes, garantes des valeurs d’humanité et de résistance. Célébration magistrale et désespérée d’une solidarité qui sauve.

Denis Infante : Rousse, Les Beaux habitants de l’univers
Chez Denis Infante aussi, la solidarité est clé ! Rousse, Les Beaux habitants de l’univers (Tristram) est son premier roman - et l’héroïne n’est autre qu’une jeune renarde ! Portée par son désir d’ailleurs, cette dernière part à la découverte d’un monde déserté par l’homme. Partout, l’eau manque et les prédateurs rôdent. Une épopée à hauteur d’animal, sous l’égide de Jean Giono, qui interroge notre humanité, tout en faisant la part belle à l’émerveillement et à la poésie.

Marion Fayolle : Du même bois
…poésie qui ne fait pas défaut à l’univers de Marion Fayolle. Dessinatrice et autrice de romans graphiques, on lui doit notamment Les amours suspendues (Magnani), prix spécial du Jury au Festival d’Angoulême. Du même bois (Gallimard) est son premier roman, l’un des plus forts et des plus sensibles de cette rentrée de janvier. Entremêlant fiction et souvenirs personnels, elle nous raconte le quotidien d’une ferme où les générations se suivent et cohabitent. Le pari de la douceur pour mieux saisir la rudesse et la beauté d’un monde paysan en mutation.