La Grande Librairie du Mercredi 15 mai 2019 : Arnaud Cathrine, Marie Nimier, Laetitia Colombani, Sylvie Germain, Line Papin

Histoires de vies ordinaires, héros du quotidien, confidences, retrouvailles… C’est le programme de La Grande Librairie cette semaine.

Méfiez-vous des écrivains ! Ils pourraient bien s’inspirer de vous pour écrire un roman… C’est ce qu’a fait Arnaud Cathrine pour son nouveau livre, J’entends des regards que vous croyez muets (Verticales). Dans le métro, sur la plage ou depuis la terrasse d’un café, le romancier observe les anonymes et laisse courir son imagination pour leur inventer une vie. Le résultat, ce sont 65 portraits volés. De courtes histoires de vies inventées qui dessinent, en creux, l’autobiographie de leur auteur.

Des portraits volés aux portraits consentis : Marie Nimier s’est installée pendant un mois dans une ville afin de recueillir les confidences de ses habitants. Dans un appartement vide, les yeux bandés, Marie Nimier a écouté un à un tous ceux qui souhaitaient se confier. Souvenirs encombrants, remords, regrets, espoirs, désirs, rêves, fantasmes… Les petits secrets retranscrits dans ce livre en 48 courtes histoires déploient un éventail de la condition humaine et nous révèlent à nous-mêmes. Les Confidences (Gallimard).

Laetitia Colombani sera également sur notre plateau, deux ans après le succès de son premier roman, La Tresse. Son nouveau roman, Les Victorieuses (Grasset), nous plonge dans l’histoire et le quotidien du Palais de la femme. Fondé en 1926 par Blanche Peyron, cet immeuble parisien accueille, aujourd’hui encore, des femmes en difficulté. L’héroïne de ce roman est une brillante avocate de 40 ans. Tombée en dépression, elle se tourne vers le bénévolat pour relever la pente. Elle devient écrivain public dans ce Palais de la femme, et recueille les confidences de celles qui vivent dans le foyer. Un vibrant hommage aux invisibles, à celles qu’on n’entend pas, et une ode à la solidarité féminine.

À leurs côtés, Sylvie Germain nous offre un sublime remède à la mélancolie. Tout commence par un avis de recherche collé sous un abribus : un vieil homme a disparu d’un hôpital. Nathan, qui découvre l’annonce, sait de qui il s’agit : cet homme a sauvé son enfance de l’ennui et de la solitude, grâce à la poésie. Un de ces héros du quotidien, capable de mettre des couleurs là où l’existence en est dépourvue. Nathan va alors partir à sa recherche. Un voyage initiatique en quête de liberté. Le vent reprend ses tours (Albin Michel).

Enfin, je reçois une jeune romancière de 24 ans, Line Papin. Dans son troisième roman, Les os des filles (Stock), elle raconte son départ du Vietnam pour la France à l’âge de 10 ans. Un traumatisme pour la jeune femme, qui, quelques années plus tard, privée de ses repères, arrêtera de se nourrir et deviendra anorexique. Line Papin est revenue sur les terres de son enfance, pour comprendre ce traumatisme. Et dresser les portraits de sa mère et de sa grand-mère, qui ont dû se battre contre la guerre et la famine. Un formidable récit autobiographique sur la nécessité de se raconter et de briser le silence.