La discrétion

Faïza Guène

Plon

  • Conseillé par
    2 novembre 2020

    L’écriture est simple mais splendide par sa douceur et sa finesse. Le style est subtil tout en discrétion, comme son protagoniste. Les voix énonciatives s’entremêlent habilement : est-ce le narrateur ou le personnage qui cette fois s’exprime ? La question reste souvent floue. Les italiques, en ponctuant le récit, mettent en exergue les pensées des personnages : pensées qui les hantent comme elles questionnent le lecteur. Tout est fait pour que le lecteur pense et vive avec ces grands amoureux (de leur famille, de leurs cultures...) d’une touchante sensibilité.

    Mémoire à la fois d’une famille fictive et de l’histoire d’une société, La Discrétion est révélatrice des réalités modernes. La réalité du racisme, qui subsiste dans une société qui n’accepte pas toujours ce qu’elle considère comme étranger, la réalité de la difficulté d’être une femme de cultures patriarcales.

    Ce livre m’a communiqué beaucoup d’émotions. Il est doux, subtil est d’une grande intelligence. D'après moi, il touche, marque et questionne.


  • Conseillé par
    12 octobre 2020

    immigration

    De l’auteure, je n’ai lu que Kiffe kiffe demain il y a très longtemps, à sa sortie.

    C’est avec plaisir que j’ai lu ce roman d’une famille franco-algérienne comme il y en a tant : le père venu travailler en France, sa femme le rejoint et ensemble ils donnent naissance à trois filles et un garçon.

    Les chapitres alternent l’histoire de chacun, mais surtout celle de la mère, Yamina : son enfance en Algérie près de son figuier, son mariage, sa famille, ses étés au bled.

    J’ai aimé le regard tendre de la narratrice sur Yamina, cette femme forte qui a connu la guerre et l’exil et qui souhaite simplement que ses enfants soient heureux. Yamina qui connaît le caractère de chacun de ses petits par cœur et qui ménage tout le monde.

    J’ai aimé le regard que porte l’auteur sur notre société où tout va trop vite.

    Quelques citations :

    Quant à Yamina, à 72 ans, elle se rêve encore avec un cartable sur le dos.

    (Les cow-boys) se baignent dans une sorte de grenouillère pour adulte en coton dégueulasse et font trempette dans un baril en bois posé au milieu du salon, sans savon, sans gant de crin, sans gel douche, et ce, je répète, TOUT HABILLÉS. Comment ces gens ont-ils réussi à opérer un génocide sur des millions d’indiens et à inventer Hollywood ?

    Yamina se demande souvent pourquoi les enfants des pauvres se comportent si dangereusement ?

    Les chauffeurs Uber d’aujourd’hui ne sont-ils pas les mineurs d’hier ? Ne sont-ils pas comme leurs pères ? Des travailleurs qu’on paie peu et qui font fructifier un système inégal et gourmand ; ne sont-ils pas leurs dignes héritiers, après tout ?

    On dirait que Yamina a enfin fait le deuil de ce retour impossible. Son chez elle, elle l’a compris, est l’endroit où se trouvent ses gosses.

    L’image que je retiendrai :

    Celle de la cuisine de Yamina, sa pièce réservée dans l’appartement.

    https://alexmotamots.fr/la-discretion-faiza-guene/