Tendu comme un arc
43 ans après sa publication, et même si le monde de l'usine a bien changé, ce livre tendu comme un arc garde une force incroyable. Dès les premières pages, avec l'acuité ethnologique du regard de Robert Linhart, des images s'imposent : celle du film de Chaplin, "Les temps modernes", où l'ouvrier sur la chaîne court désespérément après le temps. Rien ne peut fonctionner dans ce monde où règne le mépris de classe, où les corps sont faits pour être exploités, où le temps n'est qu'argent. Monde étouffant.
Alors la camaraderie, l'action collective, l'humanité pour tout dire, sont l'air pur qui manque sacrément. Avec ces ouvriers spécialisés, ces manœuvres mus par un sens aigu de la dignité, on serre des paluches, on prépare fiévreusement la grève, on compte les pertes et les (petites) victoires. Ce sont les premières vagues de mai 68 qui viennent s'échouer ici : mais vague après vague, les digues s'effriteront peut-être?
Tout cela, cette corde tendue de septembre 68 à juillet 69 et qui résonne encore, c'est l'écriture honnête, juste, précise, empathique ... de Robert Linhart qui le suscite.
Frédéric
On goûtera d'abord l'apparente simplicité de cette poésie. Poésie du jardin - ou même du jardinage, poésie des saisons et des élans de l'âme. On est comme envoûté par cette voix mezza voce, on se reconnait en elle : le pincement du soir qui tombe, l'élan du printemps, les fruits qui mûrissent sont des expériences universelles. Mais ici, les êtres humains, les plantes et les dieux parlent à égalité. Ils lancent des interrogations, des appels, des confessions. Ils évoquent leur frêle condition. Est-ce un dialogue? En tout cas ce recueil est un espace pour leur parole. C'est souvent touchant, parfois bouleversant, toujours profond. On sort dans le jardin, et on ne regarde plus du même oeil ces tiges frêles, elles ont leur voix.
Louise Glück a obtenu le Prix Nobel de littérature 2020.
Frédéric.
Héros du bel aujourd'hui
A l'escalade du quotidien, le poète emploie tous les outils à sa portée : un caillou du chemin, la paume d'une main, l'audace d'un bébé, la rosée d'un nuage.
Un arc-en-ciel du jour, à recommencer.
Fraternité pas compliquée. Poésie du jeudi, mais du mardi aussi.
Retour de l'amie prodigieuse
Épisode 3 de la trilogie autobiographique de notre globe-trotteuse londonienne préférée, fuyant le nid vide et les "couloirs de l'amour perdu" à la recherche d'une maison à soi. Ce fantasme immobilier s'avère un magnifique générateur de fictions, aussi organique et fantaisiste qu'une paire de bottes à paillettes ou un objet ancien. La romancière va fêter ses 60 ans en boîte de nuit, à Paris, où l'artiste en résidence met en pratique sa liberté et son imaginaire, avec la grâce et la légèreté qu'on lui connaît. Des pages où s'inventer une vie.
Autodéfense intellectuelle
Le retour : lexique pour esprits critiques
De Sophie Mazet
Robert Laffont
Check-list de nos idées reçues
Après son précieux "Manuel d'autodéfense intellectuelle", Sophie Mazet revient stimuler notre esprit critique et aiguiser notre vocabulaire. Nous connaissons les mots antisystème, populisme, démocrature, multiculturalisme et homéopathie. Mais saurions-nous définir vraiment l'appropriation culturelle et l'intersectionnalité, ou analyser les enjeux du mouvement décolonial, du féminisme intégral, du laïcisme ou du spécisme. Du platisme à la biodynamie, faites-vous les idées claires ! Anne-Marie