Paula HAWKINS

Audiolib

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31 août 2017

J'avais écouté La fille du train et je m'étais passablement ennuyée mais j'ai tout de même eu envie de donner une seconde chance à cette auteure et j'ai bien fait. Ce polar est tout ce qu'il y a de plus classique, avec divers coupables possibles et un retournement de situation au tout dernier moment. Comme il y a plusieurs meurtres, il y a plusieurs intrigues et il y a aussi le flash-back lié à l'adolescence de Jules et Nell. Il faut donc s'accrocher un peu au début pour ne pas se perdre (j'aurais pu dire se noyer mais c'était un peu facile). Finalement, comme souvent je trouve dans ce type de polars classiques, ce qui m'a plu, ce sont les liens entre les personnages, notamment entre les deux sœurs. Et puis, Paula explore des thèmes intéressants et parmi eux, la sexualité des jeunes adolescentes, jouant sur un parallèle que j'ai trouvé bien fait entre celle qui a été violée à treize ans mais n'a jamais osé en parler et celle qui a vécu à quinze ans une relation avec un homme de quatorze ans son aîné, ce qui devient un crime pour l'adulte, alors qu'à un an près, celui de la majorité sexuelle, ça aurait pu été considéré comme une histoire d'amour (je ne donne pas mon avis, c'est un questionnement que l'on trouve dans le roman). Je suis donc contente d'avoir écouté ce roman, alors que je ne suis pas sûre que j'aurais aimé le lire, c' est typiquement le genre de livres que je préfère écouter. Rien à redire sur la lecture qui est de qualité.

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31 août 2017

Ce roman est divisé en trois périodes différentes. Le moment de l'analyse, le temps de l'amitié entre les deux filles et les mémos de Zoé qui concernent sa famille autour de la seconde guerre mondiale. C'est très nettement la période du présent de la narratrice qui m'a le plus intéressée parce qu'il y a à la fois une tension entre l'analysante et l'analysée qui ressemble parfois au jeu du chat et de la souris mais aussi parce que l'arrivée de Zoé dans la vie de Corinne, ou plutôt dans son cabinet, fait non seulement resurgir des souvenirs mais modifie le cours de sa vie. Le passé de la famille de Zoé ne m'a pas vraiment intéressée. C'est le lien entre les deux femmes et la manière dont on vit les événements et dont on est ensuite capable de les analyser grâce à la distance que permet le passage du temps qui sont, à mon avis, les thèmes les mieux traités.

Prix des libraires 2018

Héloïse d'Ormesson

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17 août 2017

Coup de coeur!

Disons le tout de suite, ce roman, je ne voulais pas le lire. J'avais abandonné le précédent roman de Gaëlle Nohant, je n'aime ni la poésie (sauf celle, intime, qu'on écrit ou reçoit à/de son amoureux/ -se), ni le surréalisme. De plus, je ne connaissais rien de Desnos.
Mais Gaëlle Nohant nous donne accès à un homme, nous le rend à la fois humain par sa vulnérabilité amoureuse, magicien par sa manière de réinventer la poésie et héros quand la période oblige les hommes à choisir un camp. Et elle nous embarque dans la période qui précède la guerre puis dans celle de la guerre et de la résistance avec talent : j'ai vécu pendant de longues heures dans le Paris de cette époque et j'y ai cru. Tout sonne juste, particulièrement les dialogues. Je me suis agacée de voir le poète amoureux de deux femmes qui ne savent pas lui rendre son amour comme il le mériterait et ai vu là, à tort peut-être, le désir inconscient d'un poète qui a besoin de la souffrance pour écrire; je me suis aussi agacée de l'égocentrisme de Youki (c'est effrayant quelqu'un qui sait aimer. Alors elle lui fait mal pour voir s'il reste quand-même) mais c'est aussi ce qui rend Robert Desnos humain et attachant.
Suivre la scission à l'intérieur du groupe surréaliste m'a passionnée. J'ai noté de nombreuses phrases et ai été emballée par le tout : l'ascension de Robert Desnos qui réinvente la radio ou plutôt l'invente puisqu'elle n'en est qu'à ses balbutiements, le souffle de la solidarité, celle d'avant la guerre avec les manifestations anti-fascisme et celles des hommes de l'ombre ensuite. J'ai beaucoup aimé que l'auteur parsème son roman de textes de Desnos, les ancrant dans sa réalité à lui. C'est une très belle manière d'amener la lectrice que je suis vers la poésie:

Je retrouve en ma bouche une ancienne saveur
Et des noms de jadis et des baisers si tendres
Que je ne sais plus qui je suis ni si mon cœur
Bat dans le sûr présent ou le passé des cendres.

Aux trois quarts du roman, l'émotion m'a submergée. Ça a commencé avec un très beau moment entre Robert Desnos et Jacques, cet enfant d'amis qui vivra ses premières années caché, petit garçon rendu sauvage par cette peur que l'Histoire a instillé en lui mais que Desnos saura apprivoiser avec ses histoires, puis viennent les émouvantes années de résistance et celles de déportation racontées par le prisme de Youki que l'auteure réhabilite magnifiquement. A ce jour, j'ai lu dix romans de la rentrée, j'ai eu deux coups de cœur mais je mets ce roman au dessus de tous les autres.

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30 juillet 2017

J'avais déjà lu le premier polar de Deon Meyer, auteur sud-africain écrivant en afrikaans (donc blanc), et comme je n'avais pas été emballée, celui-ci, que j'avais acheté en même temps que le premier lors de sa venue à Saint-Malo attendait dans ma bibliothèque depuis un moment. J'ai depuis remarqué que celui-ci avait eu deux prix, ce qui n'avait pas été le cas du premier. Et effectivement, il est bien meilleur. Je lis maintenant assez peu de polars, mon dernier remontait à mai, ce qui explique peut-être que j'y prenne davantage de plaisir. Le récit alterne l'enquête de Zet et son enfance qui sera marquée par le meurtre de sa voisine sur laquelle il fantasmait, ce qui permet un double regard sur le désir masculin, celui du jeune adolescent, qui ressemble presque à un hommage, et celui qui tue. Et il me semble que de jouer sur les doubles (récit double, la perception qui s'oppose à la réalité, le double féminin), Deon Meyer le fait très bien, tout comme il nous laisse entrevoir ce que fut l'Afrique du Sud avant et surtout juste après l'apartheid. Zet est peut-être un peu trop l'archétype du héros de roman noir, bourru au possible mais tout doux en dedans et Hope est sans doute beaucoup plus patiente à son égard qu'on ne peut l'être face à un homme dont la seule défense est l'esprit de contradiction. Mais pour nous, lecteurs, il est touchant car nous avons accès au parcours qui a fait de lui ce qu'il est. C'est donc un polar que je vous recommande chaudement. Je vais attendre deux bons mois avant de me relancer dans le genre. Mon seul bémol est qu'il y a dans ce roman une femme dont je n'ai pas compris le comportement.

Éditions de L'Olivier

23,50
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26 juillet 2017

J'ai aimé le début centré sur Lotto, puis ai ressenti une légère pointe d'ennui à un moment, Lotto finissant par être un personnage trop superficiel pour m'emporter. C'est évidemment intentionnel. Puis nous passons à Mathilde et là, l'ensemble reprend vie, à la fois parce qu'on découvre la facette cachée de la vie de Mathilde avant sa rencontre avec Lotto et son caractère bien trempé. J'ai adoré ce personnage de femme qui n'est pourtant pas aimable au sens premier du terme mais c'est une femme qui prend sa vie en main de bout en bout jusqu'à ce qu'un élément lui échappe. C'est un roman que, comme Barack Obama, je vous recommande alors que j'avais abandonné l'un de ses romans précédents, Les monstres de Templeton. Il y a des phrases très justes qui ont su me parler.