La prêtresse de Partholon (Harlequin Luna)
EAN13
9782280838351
ISBN
978-2-280-83835-1
Éditeur
Harlequin
Date de publication
Collection
GRANDS FORMATS (36)
Nombre de pages
473
Dimensions
18 cm
Poids
328 g
Langue
français
Langue d'origine
anglais
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La prêtresse de Partholon (Harlequin Luna)

De

Harlequin

Grands Formats

Indisponible
PREMIÈRE PARTIE

1.

Alors que je m'engageais sur le chemin, je sentis les ténèbres frémir et onduler — comme de l'encre noire coulant sur une feuille noire. Frissonnant d'appréhension, je scrutai l'obscurité autour de moi. Rien. Rien qu'une nuit vide et sans étoiles, balayée par un vent glacial.

Pas de doute, je perdais la tête.

La guerre contre les Fomores avait pris fin plusieurs mois auparavant. Donc, aucun démon ailé ne rôdait dans les parages avec l'idée de me sauter dessus au moment propice. Et puis, zut ! Je me trouvais quand même au beau milieu de mon temple qui, en plus d'être une merveille architecturale, était aussi solide qu'une forteresse. Alors, si un esprit malveillant décidait de lâcher dans la nature des créatures cauchemardesques — dans ce monde-ci, on ne pouvait jurer de rien —, j'étais parfaitement en sécurité. Sérieusement, la chose la plus grave qui puisse me tomber sur le coin du nez, c'était d'être adorée et vénérée au-delà de toutes limites décentes. Malgré tout, je me sentais très oppressée. Ce n'était pas la première fois que j'avais l'impression que quelque chose clochait.

Je remontai lentement le chemin dallé de marbre en réfléchissant à cet étrange sentiment de prémonition qui me taraudait depuis... depuis combien de temps au juste ?

Je comptai mentalement. Deux, non, trois semaines, peut-être ? La nourriture m'écœurait, ce qui était franchement bizarre, vu que j'adorais manger. Mais ça, on pouvait le mettre sur le compte d'un virus ou du stress. Et puis, cette façon idiote que j'avais de sursauter devant chaque ombre comme si le mal était tapi là, prêt à bondir et à m'étrangler... Certes, je venais de sortir d'une guerre atroce où les bons — rangés derrière ma bannière, évidemment — avaient dû affronter d'horribles démons pour sauver le monde de l'esclavage et de la destruction. Rien que ça. Alors, il y avait de quoi tendre les nerfs d'une fille sensible comme moi, non ? Surtout quand la fille en question était une prof d'anglais sympa et modeste qui, du jour au lendemain, s'était vue propulsée au rang d'Incarnation d'une déesse, dans un monde qui tenait plus de l'Ecosse ancienne et de la Grèce mythique que de Broken Arrow — banlieue de Tulsa, Oklahoma, Etats-Unis. A présent, la guerre était finie, les démons anéantis, et le monde avait retrouvé sa tranquillité habituelle. En principe. Alors pourquoi est-ce que j'avais l'impression que des monstres étaient là, dans les ténèbres, à me guetter de leurs yeux glauques et malfaisants ?

J'avais une migraine à anéantir n'importe quel crâne d'Incarnée !

J'inspirai profondément pour calmer mes pensées en ébullition, et goûter la paix et la sérénité qui m'enveloppaient toujours quand j'approchais du monument élevé à la mémoire de MacCallan. De hautes colonnes élégantes entouraient un piédestal de marbre sculpté sur lequel reposait une urne imposante où brûlaient nuit et jour des huiles odorantes.

Ce soir, une fumée argentée s'élevait en volutes paresseuses vers le trou circulaire au centre du dôme. Je gravis lentement les trois marches qui menaient à l'urne, admirant l'éclat doré de la flamme qui contrastait avec les ténèbres sans étoiles de la nuit. J'avais exigé un monument sans murs — juste une colonnade, une coupole et le feu éternel. L'homme qui était honoré ici aurait aimé, je crois, ce symbole de liberté. Une brise légère jouait dans mes cheveux et je frissonnai, silencieusement reconnaissante à Alanna de m'avoir d'office enveloppée dans mon manteau bordé d'hermine — bien que le mémorial ne fût qu'à quelques pas de mes appartements.

— Dame Rhiannon !

Une jeune servante surgit entre les colonnes et s'approcha à pas rapides avant de plonger dans une gracieuse révérence.

— Puis-je vous apporter du vin chaud ? La nuit est fraîche.

— Non.

Distraite, je lui jetai à peine un regard et cherchai son nom dans ma mémoire.

— Merci, Maura. Je n'ai besoin de rien. Vous pouvez retourner vous coucher.

Elle me sourit timidement.

— Oui, Dame.

Puis elle rougit.

— Vous m'appellerez si vous avez besoin de quoi que ce soit ?

J'esquissai un sourire las.

— Je n'y manquerai pas.

Elle s'éloigna et je me tournai vers l'urne.

— Tu vois, lançai-je d'un ton sarcastique à la flamme vive et claire, le problème avec les jeunes, c'est leur exubérance.

Je haussai les épaules.

— Oui, évidemment..., repris-je. C'est moi que tu dois trouver exubérante.

N'obtenant aucune réponse — en fait, je n'en attendais pas —, je poussai un soupir et m'assis sur la plus haute marche de l'autel. Rabattant soigneusement les pans du manteau sur moi, je posai mon menton sur mes mains.

— En vérité, comment savoir ce que tu penserais exactement ? Je ne te connaissais pas vraiment.

Poussant un nouveau soupir, je triturai avec agacement une boucle de cheveux qui me chatouillait la joue.
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