La 3e guerre mondiale

Le premier confinement nous prit par surprise. Quant il fut levé nous pensions être sortis de l’affaire. La nouvelle guerre mondiale s’étiolait, nous étions libérés avec le printemps 2020. Le second confinement s’annonçait avec l’automne de la même année. Brutalement, nous prîmes conscience d’un combat de longue haleine. De par le monde, les vagues devenaient meurtrières, s’écrasant ou refluant dans un mouvement en apparence imprévisible. Partout, la pensée était à l’écoute de vérités changeantes et contradictoires. Le comportement social, fruit d’une civilisation tri-millénaire, se réduisait à la peur de tout contact externe : tous aux abris ! Voilà bien le sentiment qui me reste de la grande pandémie : la liberté tant vantée de l’individu moderne réduite au strict minimum. La fin de l’année fut timide, une nuit de Noël tolérée, un réveillon de nouvel an empêché. Arriva 2021 dans cette ambiance délétère d’une société déboussolée. Les vaccins étaient annoncés mais ils arrivaient au compte-gouttes et l’épidémie reprenait de plus belle. Alors, résignés, nous prîmes sur la tête le troisième confinement. Le pays s’arrêtait de nouveau avec les décisions administratives dignes de l’époque soviétique. Le rideau de fer de nouveau était baissé sur nos libertés collectives. Avec le printemps 2021, la vaccination s’accélère dans les pays riches. Un monde à deux ou trois vitesses où les plus pauvres iront goûter au cimetière les progrès de la science moderne. Nous ressortons des caves avec le poids du doute sur les épaules. La libération n’est pas sereine. La 3e guerre mondiale se poursuit. Elle laissera des traces, des incertitudes et, dans le meilleur des cas, une possible réflexion sur l’avenir. Ce journal du confinement n’est qu’un témoignage parmi d’autres. Il ne livre aucune vérité, aucune morale, juste des doutes.