Piss Christ... et autres vanités

10 nouvelles qui content à chaque fois, comme les célèbres tableaux auxquels elles empruntent leur titre, une histoire singulière dont « Piss Christ » est le point d’orgue, incarné ici par un adolescent fougueux, le pétillant Kenzo, crucifié sur son lit d’hôpital « les clous et la couronne en moins ».Dès les premières lignes, le ton volontairement léger « Le soleil est au zénith, la lumière a dévoré toute la pièce, je bous derrière les grandes baies vitrées comme un légume à l’étuvée… En chien malade je souffre en silence dans l’indifférence générale et finirai peut-être comme lui, lovée en boule sous le bureau, le nez dans le trou de balle. », tantôt contraste avec la gravité de certains récits, tantôt exalte le caractère absurde ou irrationnel de situations évoquant les thèmes existentiels comme la maladie de l’enfant, la solitude, l’incommunicabilité et l’aliénation mais aussi la fragilité de la vie et la fuite du temps qui passe. Les personnages, des gens ordinaires, des héros modestes mais libres, traversent les trous d’air de l’existence avec force et obstination, sans jamais tricher. L’art, s’il est le liant de ce recueil, est aussi le puissant antidote contre la déveine ou l’obscurité qui menace : l’art sauve en restituant aux gens leur grandeur et leur dignité, l’art guérit, l’art sublime les choses et les êtres auxquels il survit.