Rome et l'Occident (IIe siècle av. J.-C. - IIe siècle ap. J.-C.), CAPES - Agrégation
EAN13
9782301000552
ISBN
978-2-301-00055-2
Éditeur
CDU-Sedes
Date de publication
Collection
POUR LES CONC
Nombre de pages
272
Dimensions
24 x 16 cm
Poids
445 g
Langue
français
Code dewey
936.03
Fiches UNIMARC
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Rome et l'Occident (IIe siècle av. J.-C. - IIe siècle ap. J.-C.)

CAPES - Agrégation

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Première partie?>De 197 avant
Jésus-Christ
à la mort
d'Auguste?>?>Avant-propos?>La problématique que nous chercherons à élaborer dans cette première partie nécessite quelques considérations de méthodologie générale1. L'année 1972, choisie comme point de départ de la question d'Histoire ancienne du CAPES et de l'Agrégation, marque pour Rome l'acte initial d'organisation des provinces ibériques ; elle voit aussi la res publica, victorieuse dans la guerre qui l'oppose à Hannibal, faire les premiers pas pour compléter la conquête de la péninsule occidentale ; mais elle ne revêt pas, selon nous, la même importance dans toutes les régions de cette partie de la Méditerranée et de l'oikoumenè antique. En outre, le modèle d'organisation appliqué dans ces nouvelles possessions de Rome – modèle qui resta longtemps immuable – avait déjà été déployé au moins quarante ans auparavant, au commencement de la conquête de la Sicile, de la Sardaigne et de la Corse. Les terres hors de l'Italie (par Italia il faut comprendre la réalité politique antérieure à Auguste), sont identifiables à la partie péninsulaire de l'Italie actuelle jusqu'au sud de la plaine du Pô et de l'Apennin tosco-émilien qui initialement n'englobait pas encore la Gaule Cisalpine. Les régions septentrionales et occidentales nous intéresseront particulièrement : l'Espagne, la Gaule, les Alpes, la Germanie et la Britannia seront toutes organisées par la suite sur le modèle des premières provinces, les îles tyrrhéniennes. Pour mieux comprendre, une définition du concept de provincia s'impose. Il convient ainsi de s'intéresser d'abord à l'organisation des premières entités insulaires c'est-à-dire la Sicilia, la Sardinia et la Corsica. Cette organisation a été instaurée à une date précise (quarante ans exactement avant la date proposée), à savoir en 237.Giovanni Brizzi1 Les textes de Giovanni Brizzi ont été traduits de l'italien par Marie Zago.2 Toutes les dates sont avant Jésus-Christ (av. J.-C.) sauf indication contraire (ap. J.-C.)?>Chapitre 1?>La notion de province
et l'impérialisme romain?>I. La notion de province et la première phase de l'organisation des provinces?>A. Définition du terme provinciaParler de l'Occident romain signifie examiner en premier lieu la notion de provincia. L'étymologie donnée par Festus1– les provinces auraient porté ce nom quod populus Romanus eas pro vicit, id est ante vicit – correspond à la signification la plus communément attribuée à ce terme à partir de la fin du iiie siècle av. J.-C. Cette définition devint largement dominante au cours du iie siècle. Dans cette acception, provincia désigne généralement un territoire hors d'Italie, annexé par la conquête ou de manière pacifique, soumis à une gestion permanente directe et à l'impôt par Rome. En fait, le gouvernement de ces districts presque tous situés outre-mer (voir infra) fut confié à un magistrat cum imperio, d'abord de rang prétorien, puis proprétorien ; cette règle devint habituelle à tel point qu'on finit, quelquefois, par utiliser le terme de praetor pour désigner le gouverneur provincial2. Cette présentation oblige à repousser le point de départ de notre étude plus en amont, soit en 241, date à laquelle la première région fut agrégée, la Sicile disputée avec succès à Carthage ; soit à l'année 237, au cours de laquelle fut formalisée la nouvelle organisation de la Sicile, de la Sardaigne et de la Corse ; soit encore, à l'année de l'investiture des deux premiers préteurs élus pour gouverner les trois îles en 227.Par conséquent, l'emploi du terme province fera ici référence – sauf indication contraire de notre part – à ce concept qui vient d'être mis en évidence. Toutefois, ce n'est ni l'acception primitive ni l'unique. À l'origine, le vocable provincia eut en effet des contenus purement juridiques : il aurait d'abord été appliqué uniquement aux opérations de guerre3 ou inscrit dans le cadre des attributions que le magistrat de rang supérieur tirait du pouvoir militaire et judiciaire indissociable de l'imperium4 ; par la suite, il aurait, semble-t-il, indiqué le cadre restreint dans lequel un consul ou un préteur exerçait son pouvoir dans le respect des prérogatives de ses pairs. Dans certains écrits, les références à la sphère privée paraissent abonder dans ce sens. Le vocable du sermo vulgaris fait allusion indifféremment à une charge ou à une obligation, de quelque genre que ce soit5. Mais, dans l'acception juridique originelle, l'expression se rapporte toujours à la sphère des compétences analogues d'un magistrat détenant l'imperium. Ces compétences peuvent, bien sûr, impliquer des limites territoriales plus ou moins définies outre-mer comme en Italie (encore à l'époque « médio-républicaine », les sources évoquent, par exemple, une provincia Etruria, une provincia Samnium, une provincia Ariminum) ; elles peuvent aussi se rapporter, en première instance, à un champ simplement juridictionnel, comme dans les cas de la provincia urbana et peregrina6. Ces expressions font allusion à la sphère opératoire d'intervention, respectivement, du préteur urbain et de son homologue qui jugeait les conflits entre les Romains et les étrangers domiciliés en ville.Le terme commença à se rattacher à une valeur territoriale définie, même de façon très générique, probablement au cours de la période des origines de la Ville, lorsque les prérogatives de l'imperium domi se distinguèrent des prérogatives de l'imperium militiae. Une zone interne au pomerium, l'enceinte sacrée de Rome, fut alors séparée du reste. Les compétences et les pouvoirs des magistratures cum imperio y étaient limités soit par la provocatio ad populum, droit de tous les citoyens à faire appel de leurs décisions aux assemblées populaires, soit par le pouvoir intercesseur des tribuns de la plèbe contraints à rester en ville pendant l'année de leur charge ; si bien qu'il n'est pas hasardeux d'affirmer que provincia au sens littéral du terme pouvait seulement s'entendre pour l'espace, absolument indéfini, qui s'ouvrait hors de l'enceinte sacrée de la ville.Néanmoins l'acception territoriale du terme s'impose vraiment – selon un sens confirmé ensuite par les étymologistes romains eux-mêmes (comme Festus : voir supra) – seulement à partir de la première expansion outre-mer. Primo quod utraque insula (i.e. Sardinia et Sicilia) in Romanum arbitratum redacta, iisdem temporibus facta provincia est, cum eodem anno [en 227]Sardiniam M. Valerius, alteram C. Flaminius praetor sortiti sunt : Solin (V, 1) décrit ainsi la constitution des deux premières provinciae territoriales. En raison même du mare clausum causé par la mauvaise saison, le gouvernement des nouvelles terres annexées et placées sous le contrôle de la Puissance italique (Sicile, Sardaigne et Corse) n'aurait pu raisonnablement être confié ni au préteur urbain (provincia urbana), ni à celui qui ius dicit inter cives et peregrinos (provincia peregrina), instaurés respectivement en 366 et en 242 ; si bien que les Romains furent incités à créer, dans ce but, deux nouveaux magistrats spécifiques, et finirent par considérer (voir infra) les îles méditerranéennes nouvellement entrées en leur possession comme des sphères de la compétence respective des deux nouveaux préteurs. Se réalise alors rapidement le passage d'un sens juridique à un sens territorial et géographique, d'où deux significations associées à un terme identique.Néanmoins, l'acception primitive survécut longtemps, et cela essentiellement parce que les pouvoirs des magistrats opéraient à plusieurs niveaux différents. Il ne fait pas de doute qu'un lieu commun à toutes les charges prenant le nom de provincia ait été celui de la sortitio, le tirage au sort entre magistrat de même grade, dans le respect de la collégialité propre à chaque charge (le fait est si évident qu'il a avalisé, par le passé, quelques anciennes formes linguistiques alternatives à celles proposées jusqu'ici). Il pouvait se produire – cela arrivait régulièrement d'ailleurs – qu'à la suite d'une guerre, le territoire d'un État ennemi devint l'objectif d'opérations militaires ; et, puisque les Romains étaient réticents à confier le commandement d'une grande armée ou la gestion ...
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