Les héritiers de Niroli

Le fils d'un prince

QUELQUES MOTS SUR L'AUTEUR

Susan Stephens était chanteuse avant de rencontrer son mari sur la petite île méditerranéenne de Malte. Comme dans un roman, ils firent connaissance un lundi, se fiancèrent le vendredi suivant et se marièrent trois mois après. Près de trente ans et trois enfants plus tard, leur amour est toujours aussi fort.

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Susan avait écrit plusieurs ouvrages pratiques quand le destin décida de lui donner un coup de pouce. A la tombola d'un bal de charité, l'un des lots, intitulé « Une journée avec un écrivain », était offert par Penny Jordan, l'une des vedettes des éditions Mills & Boon. Le mari de Susan avait acheté le ticket gagnant, et Penny devint ainsi non seulement une grande amie mais aussi un formidable mentor, qui encouragea Susan à écrire des romans d'amour.

Susan vit pour sa famille, ses animaux, ses amis, et ses romans. Elle aime recevoir, voyager et aller au théâtre. Elle lit beaucoup, cuisine, joue du piano pour se détendre, et, à l'occasion, se plaît à dévaler à ski les pistes enneigées, et à se promener à cheval dans la campagne, au grand galop. Allez voir son site internet : elle adore recevoir des messages de ses lecteurs du monde entier !RÈGLEMENT OFFICIEL DE LA MAISON ROYALE DE NIROLIimages

Règle 1 : Le souverain est garant de l'ordre moral. Tout prétendant au trône qui jetterait le discrédit sur la maison royale perdrait de facto ses droits à la succession.

Règle 2 : Aucun membre de la maison royale ne peut contracter mariage sans le consentement du souverain. En cas de violation de la règle, le fautif serait immédiatement déchu des honneurs et privilèges dus à son rang.

Règle 3 : Aucun mariage mettant en jeu les intérêts de Niroli ne peut être célébré.

Règle 4 : Le souverain de Niroli ne peut contracter mariage avec une personne divorcée.

Règle 5 : Aucun mariage n'est autorisé entre les membres de la maison royale issus du même sang.

Règle 6 : Bien que la santé et les intérêts des enfants de la maison royale soient confiés aux soins de leurs parents, le souverain préside à leur éducation.

Règle 7 : Sans le consentement ou l'approbation du souverain, aucun membre de la maison royale n'est autorisé à contracter des dettes s'il n'est en mesure de les honorer.

Règle 8 : Aucun membre de la maison royale n'est autorisé à accepter un héritage ou une quelconque donation sans le consentement du souverain.

Règle 9 : Le souverain de Niroli doit se consacrer entièrement au royaume. Il ne lui est donc pas permis d'exercer une activité professionnelle.

Règle 10 : Les membres de la maison royale résident à Niroli ou dans un pays autorisé par le souverain. En revanche, le souverain ne peut résider qu'à Niroli.Prologue

En apercevant le minuscule point noir qui émergeait des nuages, l'ambassadeur de Niroli sentit sa gorge s'assécher. Le précieux héritier au trône prenait d'immenses risques, et son irrépressible passion pour les sports extrêmes finirait, un jour ou l'autre, par lui coûter la vie. Incapable de se défaire de cette angoisse, il regarda le petit point grossir dans le ciel jusqu'à voir la silhouette longue et musclée de Nico Fierezza se poser en plein milieu de la cible marquée au sol, avec la grâce d'un félin.

Tandis qu'on le débarrassait de son parachute, Nico retira son casque et se tourna vers l'endroit où l'attendait l'ambassadeur. Il avait remarqué ce visiteur distingué à l'instant même où il avait repéré la croix indiquant son point d'atterrissage, et il était soulagé de constater qu'il ne semblait pas être venu pour lui annoncer un malheur.

Nico s'efforçait de rester à l'écart des querelles et des manœuvres qui entouraient son grand-père, le roi Giorgio de Niroli. La famille Fierezza régnait sur la petite île depuis le Moyen Age, mais Nico n'avait jamais attendu son tour avec impatience. Par sa beauté et sa prospérité, Niroli, minuscule joyau de la Méditerranée, attirait la jet-set du monde entier, et cela suffisait à ôter à Nico toute envie de s'y rendre. Il était parti s'installer à Londres, où, dépourvu de tout privilège royal, il avait ouvert un cabinet d'architecte dont il pouvait affirmer qu'il était le fruit de son seul travail, comme tout ce qu'il possédait là-bas.

Malgré la puissante poussée d'adrénaline qu'il avait ressentie au moment de toucher le sol, et le sentiment d'invincibilité qui l'avait envahi — il venait tout de même de battre le record du plus haut saut en parachute sans oxygène —, sa raison reprit vite le dessus : comme toute émotion, l'euphorie est une illusion pernicieuse, car elle embrume l'esprit.

Calant son casque sous son bras, Nico s'avança d'un pas décidé vers l'ambassadeur. Il n'arrivait pas à comprendre d'où lui venait l'intarissable soif de sensations qui le poussait sans cesse à défier la mort. Il avait eu une enfance heureuse, idyllique, même, avec une mère qui l'adorait et inondait d'amour toute sa famille. Mais peut-être était-ce là qu'il fallait chercher l'explication, pensa Nico, en s'arrêtant à un endroit où l'ambassadeur et lui pourraient discuter tranquilles ; peut-être que les hommes comme lui portaient en eux un gène qui les exhortait à rompre avec cette féminité douce et aimante et à aller toujours plus loin, vers des dangers toujours plus grands, pour se sentir vivants. C'était ce qu'avait fait son père : il avait poussé son yacht aux limites de ses capacités, jusqu'à l'accident qui lui avait coûté la vie, en même temps que celle de son frère et sa belle-sœur. Par miracle, la mère de Nico, qui se trouvait elle aussi à bord, avait survécu.