Mélancolie de gauche, La force d'une tradition cachée (XIXe-XXIe siècle)
EAN13
9782348035555
Éditeur
La Découverte
Date de publication
Collection
Poches sciences
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Mélancolie de gauche

La force d'une tradition cachée (XIXe-XXIe siècle)

La Découverte

Poches sciences

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782348035555
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Redécouvrir une mélancolie, propre mais cachée, de la " culture de gauche ",
comme y invite l'historien Enzo Traverso, n'est ni un aveu d'impuissance, ni
céder à une sorte d'esthétisation complaisante d'une faillite. C'est, au
contraire, se réapproprier le " legs des luttes libératrices " d'hier, et
ainsi, sans s'illusionner pour autant, se prendre à espérer de nouveau. Quand
bien même le marxisme occupe une place de première importance dans cette
histoire, les expressions de cette mélancolie sont nombreuses et contrastées.
Traverso les cherche dans l'histoire. Si 1989, " moment de cristallisation
symbolique d'une séquence d'accumulation de défaites ", et les années qui
suivront, sont propices à ces sentiments de dépossession sans alternative,
d'autres ont marqué la conscience de gauche.
Avec érudition, l'auteur met en relief des sensibilités intellectuelles et
esthétiques. 1848, la Commune, la Ligue spartakiste, le soulèvement du ghetto
de Varsovie, Che Guevara : les " défaites glorieuses " sont autant de nervures
d'une histoire qui ne cesse de faire retour. De même les œuvres
cinématographiques, de Visconti à Chris Marker, en passant par la Bataille
d'Alger, iconisent les batailles perdues. Les déceptions concernent tout
autant les " ratés " dans la convergence des luttes. Traverso consacre un
chapitre au rendez-vous manqué entre le marxisme occidental et
l'anticolonialisme.
La mélancolie se transmet enfin parmi les penseurs de l'émancipation. Le "
léninisme libertaire " de Daniel Bensaïd, pensé après la chute du mur, se fait
ainsi l'écho du messianisme révolutionnaire de Walter Benjamin, dans les
circonstances funestes de 1940. Un même sens du tragique habite ces esprits,
entre espérance et désespoir. L'originalité de l'ouvrage réside moins dans les
interprétations que dans le montage de ces expériences du naufrage. Le
tableau, dense, laisse deviner la richesse culturelle de la gauche, par-delà
les caricatures des actuelles " campagnes ". La mélancolie et l'infinie
tristesse que peut susciter la " ressouvenance " des luttes perdues sont des
antidotes pour les luttes à venir. Car " la transformation du monde, souligne
Traverso, est un pari mélancolique, ni hasardeux ni fou, pétri de mémoire,
certes volontariste mais fondé sur la raison ".
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