Sans famille
EAN13
9782841879281
ISBN
978-2-84187-928-1
Éditeur
Archipel
Date de publication
Collection
ARCHIPEL.ARCHIP
Nombre de pages
800
Dimensions
24 x 15,3 cm
Poids
1060 g
Langue
français
Code dewey
843
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Sans famille

De

Archipel

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Indisponible
www.editionsarchipel.com

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eISBN 978-2-8098-1198-8

Copyright © L'Archipel, 2007.

Préface

Ils ont plus de cent ans, mais quelle fraîcheur ont conservée ces deux romans d'Hector Malot ! Et quelle merveilleuse idée de les réunir aujourd'hui au sein d'un même volume. Il n'y manque, pour embrasser l'ensemble de ses romans « pour la jeunesse », que Les Aventures de Romain Kalbris et Le Mousse, parus après sa mort survenue en 1907, voici tout juste un siècle.

Sans famille n'a pas manqué d'adaptations à l'écran. Chacun se souvient de celle d'André Michel, dans laquelle Pierre Brasseur et Ber-nard Blier, en 1957, incarnaient respectivement Driscoll et Garofoli. Gino Cervi était Vitalis. À mon tour, en 2000, Jean-Daniel Verhaeghe m'a fait l'honneur d'incarner Vitalis dans un beau film pour la télévision – l'un des deux seuls que j'aie jamais accepté de tourner !

À l'examen du synopsis, le souvenir de mes lectures d'enfance m'a envahi. Me croirez-vous ? Je me sens plus à l'aise dans le registre émotionnel que dans la comédie. Avec quelle émotion me suis-je rappelé ma première lecture de Sans famille, qui m'avait tant marqué... Si l'exploitation des enfants dans les mines de charbon me bouleversa, c'est que – le lecteur l'ignore sans doute – je suis natif de Valenciennes. Les mines, mais c'était mon décor quotidien ! Il y a du Germinal chez Malot. Étonnant de penser que ce bourgeois un peu étriqué ait dénoncé le travail des enfants avec autant de force. L'avons-nous assez montré dans le film ? Je n'en suis pas certain.

Interpréter le personnage de Vitalis, c'était donc replonger dans mon enfance, mais aussi retrouver mes racines. Mais oui : mon grand-père était Italien, et c'est à pied qu'il fit le chemin d'Ancône – dans les Marches, près de Saint-Marin – jusqu'à Valenciennes. Longue pérégrination, entrecoupée de séjours dans les fermes, à couper le bois et vendre ses bras pour survivre... Vraiment comme Vitalis ! Ainsi, ma propre histoire me rejoignait. Je ne crois pas au hasard. C'est beau, la vie d'artiste !

Vitalis et moi nous sommes très vite bien entendus. Il n'était pas tout à fait mon double, mais l'un des deux personnages que je rêvais d'interpréter, avec Robinson Crusoë. Le tournage commence en plein hiver, en République tchèque. Nous travaillons beaucoup, huit à dix heures par jour, voire davantage, pendant deux mois. Le froid est intense et la neige est au rendez-vous. Or nous sommes vêtus de haillons, comme le montre la couverture de ce livre. Autant dire que nous sommes littéralement gelés – surtout le pauvre petit Jules, pieds nus dans des sabots... mais je ne vous ai pas encore présenté Jules Sitruk, le petit Rémi de Sans famille, le véritable héros du film. Un comédien remarquable, alors âgé de neuf ans, et qui poursuit depuis une vraie carrière. Entre deux plans, profitant de la pause, je l'enfourne dans mon manteau en compagnie du petit singe descendu de mon épaule. Ils s'y réchauffent jusqu'au redoutable : « Silence, on tourne ! »

L'une des grandes difficultés du tournage consiste à diriger les animaux. Le gros chien n'accepte de me suivre que si je lui donne, en cachette de la caméra, des bouts de lard qu'il vient happer de sa large langue. Premier inconvénient : ma main, constamment humide, est plus sensible au froid. Second inconvénient : le singe, s'apercevant de la manœuvre, dégringole le long de ma manche pour subtiliser le lard à la barbe du chien qui, dès lors, cesse de me suivre. « Coupez ! » Me voici obligé de redescendre la colline que j'ai eu tant de peine à gravir, d'attendre que la trace de mes pas soit effacée par l'équipe, puis de remonter la pente ! Nous en rirons ce soir. Mais, pour le moment, nous maudissons ces deux animaux qui ne pensent qu'à leur estomac ! Oui, nous avons bien ri, Jules et moi ! Malgré tout son talent, Hector Malot n'était pas précisément un humoriste... mais j'ai pris la liberté d'ajouter quelques scènes qui nous ont beaucoup amusés !

Le tournage de Sans famille fut une excellente aventure : aucun accrochage, une entente parfaite, un scénario de grande précision, un impressionnant travail d'adaptation réalisé avec Frédéric Vitoux. Le temps était idéal : neigeux pour les extérieurs, beau et beaucoup plus chaud sur le bateau, en bordure de canal...

La mort du signor Vitalis restera pour moi un grand moment. Quand on vient de vivre deux mois dans la peau de son personnage, avec toute cette implication familiale, on est assez ému de devoir rendre l'âme ! Naturellement, avec le recul, je suis heureux que ce téléfilm ait rencontré le succès et recueilli une audience inattendue. D'ailleurs, il repasse assez souvent, ce qui me fait toujours plaisir, même si je ne le regarde pas à chaque fois : me voir mourir me fait quand même de la peine...

Hector Malot est un esprit libre, élevé au sein de ce que l'on pourrait aujourd'hui appeler une famille recomposée. Il est aussi – ce qui nous le rend si agréable aujourd'hui – un homme probe et généreux, qui défend des positions avant-gardistes sur le divorce, l'internement psychiatrique ou les droits des enfants naturels. Un véritable réformateur, en somme, dans la droite ligne des pères fondateurs de la IIIe République. Une partie de son œuvre, et tout particulièrement son chef-d'œuvre, Sans famille, traduit dans le monde entier et porté à l'écran à de nombreuses reprises, est consacrée à la défense de l'enfance orpheline.

Il s'agit avant tout d'un cri de protestation contre les conditions faites aux enfants naturels, abandonnés ou mis au labeur. Songeons qu'il faut attendre le 2 novembre 1892 – quatorze ans après Sans famille– pour qu'une loi interdise le travail des enfants de moins de douze ans le jour et de moins de seize ans la nuit ! Le 30 mars 1900, une nouvelle loi viendra limiter à onze heures la durée quotidienne de travail des enfants... À ce titre, Sans famille s'inscrit dans un puissant courant réformateur et contestataire, aux côtés de L'Enfant de Jules Vallès (d'ailleurs publié avec le soutien financier de Malot), Le Petit Chose d'Alphonse Daudet ou Poil de Carotte de Jules Renard. Sans famille et En famille sont le fleuron de cette littérature populaire, destinée tant aux jeunes qu'aux adultes.

L'ambition d'Hector Malot va pourtant au-delà : il entend apporter un véritable renouveau aux livres pour la jeunesse. Sans famille raconte les aventures d'un jeune orphelin élevé par une brave femme, la mère Barberin. Son nouveau maître, le musicien ambulant Vitalis, emmène l'enfant sur les routes de France. À peine Rémi s'est-il attaché à lui, la mort vient tout démolir. L'orphelin trouve un nouveau foyer auprès de la petite Lise et de ses parents. Mais le destin s'acharne : Rémi retourne en errance sur les pas de l'Italien Mattia, avant d'être exploité dans une mine de charbon où les enfants se tuent aux tâches les plus dangereuses. Sa descente aux enfers se poursuit dans le milieu louche des hors-la-loi. Rédemption finale : Malot réserve à Rémi, en quête de ses vrais parents, un happy end conforme aux canons des ouvrages pour la jeunesse.

Un enfant décidé et volontaire, qui fait lui-même sa propre éducation : la Nouvelle Héloïse et l'Émile de Rousseau ne sont pas oubliés ! Se bâtir ou se rebâtir avec le concours des forces de la nature, favoriser l'épanouissement des sens, vivre à la campagne et par les chemins, bénéficier de l'expérience et de l'observation, travailler, former sa réflexion, n'apprendre que ce qui est utile : tels sont bien les préceptes de vie de Rémi, le jeune orphelin de Sans famille. Certes, il ne s'extrait de l'ornière qu'à force d'obstination, de volonté, de courage. Sa force d'âme est exceptionnelle, vive son intelligence et peu commune sa capacité d'adaptation, ce qui revient au même.

Avec En famille (1893), Malot retrouve la veine qui lui a si bien réussi. La petite héroïne, que l'auteur a prénommée Perrine comme sa propre...
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