LA GRANDE LIBRAIRIE Mercredi 11 septembre 2019 : Karine Tuil, Ivan Jablonka, Joyce Carol Oates, Emma Becker, Sofia Aouine

Qu’est-ce qui a vraiment changé dans les rapports entre les hommes et les femmes deux ans après l’affaire Weinstein ? Le pouvoir et le sexe au cœur des relations hommes-femmes, c’est le programme de La Grande Librairie cette semaine.

Le sexe, le pouvoir, le viol : Karine Tuil pose la question du consentement et décortique une société déboussolée depuis #MeToo. Dans ce roman brillant, Les choses humaines (Gallimard), l’auteure met en scène un couple de pouvoir. Lui, Jean Farel, est le prototype du vieux journaliste qui n’a pas l’intention de raccrocher les gants ; elle, Claire Farel, est une essayiste féministe. Le scandale éclate lorsque l’on apprend que leur fils est accusé de viol. Peu à peu, leurs idéaux et nos certitudes vacillent…

Dans un essai résolument féministe, « Des hommes justes » (Seuil), Ivan Jablonka s’interroge. Comment en finir avec la domination masculine et rompre avec le patriarcat ? Faut-il redéfinir une nouvelle égalité de genre ? Quel rôle pour les hommes dans cette nouvelle relation entre masculin et féminin ? Et, finalement, qu’est-ce qu’un « mec bien » aujourd’hui ?

La grande romancière américaine Joyce Carol Oates nous raconte de quelle façon l’avortement est aujourd’hui remis en cause et menacé aux États-Unis. Dans Un livre des martyrs américains (Philippe Rey), elle dresse un impitoyable portrait de l’Amérique face à ses contradictions : qui est le vrai martyr, le médecin avorteur assassiné lâchement ou l’assassin qui se réclame de Dieu ? Rencontre exclusive chez elle, à Princeton.

Et puis deux révélations, deux coups de cœur de cette rentrée littéraire.

Emma Becker. La jeune romancière s’est enfermée pendant deux années dans une maison close berlinoise La Maison, (Flammarion). Une immersion dans le monde de la prostitution pour décrire de l’intérieur ce qu’il s’y joue, de chambre en chambre, de passe en passe. La solitude des hommes. Le pouvoir des femmes.

Sofia Aouine. Rhapsodie des oubliés (Editions de la Martinière) est un magnifique premier roman sur l’adolescence, les rapports garçons-filles et l’immigration, porté par une langue vivante, ardente. Dans la lignée de La vie devant de soi de Romain Gary.