La Grande Librairie du Mercredi 20 février 2019 : Atiq Rahimi, Valérie Zenatti, Jean-Claude Grumberg, Franck Bouysse et Eugène Ébodé.

Atiq Rahimi, Prix Goncourt 2008, est né en Afghanistan mais vit en France depuis trente-cinq ans. Avec Les Porteurs d’eau (P.O.L.), il revient sur les lieux de sa jeunesse. Le 11 mars 2001, les Talibans détruisent les deux Bouddhas de Bâmiyan. Le même jour, les destins de deux personnages vont soudainement basculer. L’un est porteur d’eau en Aghanistan, l’autre y est né, mais vit exilé en France. Dans ce livre très intime, le romancier dévoile son rapport au déracinement et à son pays natal.

Autre conteur qui a connu l’exil : Aharon Appelfeld. Sa traductrice et amie Valérie Zenatti lui rend hommage avec Dans le faisceau des vivants (L’Olivier). Romancier et poète israélien, né en Europe de l’Est, Aharon Appelfeld est mort l’année dernière, en laissant derrière lui une œuvre immense. Valérie Zenatti raconte sa relation intime avec l’écrivain. Elle marche également dans ses pas, jusqu’aux terres de son enfance, qui l’ont vu fuir le nazisme et l’antisémitisme. Une quête nécessaire, pour combler le vide et faire résonner, encore, la voix de son ami.

À leurs côtés, Jean-Claude Grumberg. Le dramaturge a choisi le conte pour évoquer la déportation. Dans La plus précieuse des marchandises (Seuil), il raconte l’histoire d’une famille, embarquée de force dans un train à la destination inconnue. Durant le trajet, le père attrape un de ses enfants et le jette par-dessus bord, pour lui laisser une chance de vivre. Jean-Claude Grumberg aborde la Shoah, sans la nommer. Lui qui, à trois ans, a vu son père et ses grands-parents être raflés, devant lui.

Franck Bouysse excelle lui aussi dans l’art du conte moderne. Dans Né d’aucune femme (La Manufacture de livres), un prêtre du XIXème siècle récupère les mystérieux cahiers d’une jeune femme qui vient de mourir, Rose. Il y découvre une vie terrible : à quatorze ans, elle est vendue par son père à un châtelain qui lui fera subir les pires sévices. Elle se sauvera seule, en transformant sa révolte en résistance. Un portrait bouleversant. Mon coup de cœur !

Enfin, l’écrivain camerounais Eugène Ébodé sera également sur notre plateau. Les personnages de son livre Le Balcon de Dieu (Gallimard) ont choisi de s’exiler. Ce couple de jeunes Sud-Africains découvre par accident Mayotte, ses paysages magnifiques mais aussi la détresse de sa population et de ses nombreux orphelins. De retour chez eux, ils veulent agir, aider, et s’envolent à nouveau pour Mayotte, cette fois pour y vivre. Le roman décrit une île désœuvrée, délaissée par la métropole et alerte quant à la pauvreté et le manque d’éducation.