La Grande Librairie du Mercredi 12 décembre 2018 : Bruno Cabanes, Charles-Eloi Vial, Mona Ozouf, Michel Pastoureau, Philippe Collin et Jacques Tardi.

Interroger le passé pour mieux comprendre notre époque. De la Révolution française à la Seconde Guerre mondiale, historiens, écrivains et auteurs de bandes dessinées retracent quelques-unes des plus grandes pages de l’histoire.

Pour comprendre l’histoire, il faut bien souvent en observer les guerres et les conflits. Bruno Cabanes se penche sur leurs formes, leurs particularités et leurs impacts, dans un livre collectif, Une histoire de la guerre (Seuil). Historiens, anthropologues, sociologues et politistes y proposent une synthèse, ouverte sur le monde, de cette histoire de la guerre, au front comme à l’arrière, dans les esprits comme sur les corps.

Jeune historien, Charles-Eloi Vial retrace lui deux grands épisodes de la Révolution et de l’Empire napoléonien, avec deux ouvrages remarquables. Dans La famille royale au Temple (Perrin), il raconte le quotidien en captivité de Louis XVI et de sa famille dans la prison du temple, après l’émeute du 10 août 1792 qui les renverse. Avec un même sens de la narration et un intérêt pour sonder l’intimité, Charles-Eloi Vial revient sur l’exil et les derniers jours d’un Empereur dans Napoléon à Sainte-Hélène (Perrin).

À ses côtés, l’œil avisé de Mona Ozouf, l’une des plus importantes spécialistes de la Révolution française. Elle nous dira aussi pourquoi et jusqu’où les romans peuvent nous permettre de comprendre l’histoire. Dans son dernier livre, elle rend ainsi hommage à l’écrivain britannique George Eliot. Le portrait d’une femme affranchie et talentueuse, à l’image de sa contemporaine George Sand. L’autre George (Gallimard).

L’histoire est aussi culturelle. Michel Pastoureau en a fait sa spécialité. Après l’histoire des couleurs, il a étudié celle d’un animal objet de mythes et de fantasmes : le loup. Symbole de férocité et de violence, le loup terrifie l’homme. Une peur parfois infondée mais qui fait partie de l’histoire collective, comme la louve romaine ou la bête ridicule du Roman de Renart. Le loup. Une histoire culturelle (Seuil).

Et si la bande dessinée était le moyen le plus accessible de transmettre l’histoire ? Lui s’y essaye pour la première fois, Philippe Collin publie Le Voyage de Marcel Grob (Futuropolis), dessiné par Sébastien Goethals. Il raconte l’histoire des « Malgré-nous », ces jeunes hommes d’Alsace-Lorraine enrôlés de force dans l’armée allemande. Le journaliste revient sur cette tragédie à travers le destin de son grand-oncle, Marcel, à qui il avait tourné le dos en apprenant son appartenance passée aux Waffen-SS. Un récit sous forme de pardon.

Jacques Tardi retrace depuis plus de quarante ans l’histoire du XXème siècle en bandes dessinées. Après les Première et Deuxième Guerres mondiales, le dessinateur retrouve le personnage de René, son propre père, pour le troisième tome de la série qui lui est consacrée. Sorti du Stalag dans lequel il était emprisonné, René doit désormais vivre avec la guerre comme fardeau. L’armistice de 1945 n’a peut-être pas mis fin à l’horreur. Moi, René Tardi. Prisonnier de guerre au Stalag IIB. Tome 3. Après la guerre (Casterman).