- EAN13
- 9782764636107
- Éditeur
- Éditions du Boréal
- Date de publication
- 21/01/2020
- Collection
- Essais et Documents
- Langue
- français
- Langue d'origine
- anglais
- Fiches UNIMARC
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Jean-Baptiste décapité
Nationalisme, religion et sécularisme au Québec
Geneviève Zubrzycki
Éditions du Boréal
Essais et Documents
Livre numérique
Le 24 juin 1969, de jeunes manifestants qui suivent le défilé de la Saint-
Jean-Baptiste s’emparent du char allégorique dédié au saint patron des
Canadiens français et le renversent. L’imposante statue du prophète tombe au
sol et sa tête s’en détache. Dans les jours qui suivront, on interprétera cet
acte violent en le rapprochant du récit biblique de la vie du saint : les
médias et le public qualifieront l’incident de « décapitation du Baptiste ».
Cette mort symbolique sonnera le glas des défilés et débouchera sur
l’institutionnalisation de nouveaux modes de célébration nationale. La
sécularisation de ce rendez-vous collectif annuel s’ajoute aux nombreuses
manifestations du passage de l’identité canadienne-française à l’identité
québécoise, mais la part de religiosité qu’elle contenait autrefois persiste
sous d’autres formes. Aux yeux de la sociologue Geneviève Zubrzycki, malgré le
rejet violent de la religion issue de la Révolution tranquille, la « priest-
ridden province » d’autrefois cache un squelette dans son placard comme on
traîne une douleur à un membre fantôme. Jean Baptiste décapité aborde la
relation changeante qu’entretiennent le nationalisme, la religion et la
laïcité dans une société qui, jusqu’à la fin des années 1960, entretenait un
lien indissociable entre identité nationale et religion. L’analyse est
originale, parce qu’à la différence de plusieurs penseurs des sciences
sociales, la sociologue de Chicago adopte une théorie du nationalisme qui
inclut le religieux comme facteur collectif persistant. Cela donne lieu à
l’élaboration d’une politique des symboles avec en son centre le concept de «
révolte esthétique ». Les sermons, les statues, les chansons, les hymnes, les
photos ou les chars allégoriques sont aussi importants que les institutions et
les rapports de force dans la compréhension du processus de sécularisation au
Québec. Ainsi, la pertinence d’une sociologie visuelle et matérielle de
l’identité collective pour le Québec, mais aussi pour d’autres sociétés,
s’impose au lecteur. Jean-Baptiste décapité emprunte des chemins déjà
fréquentés par la sociologie québécoise en y apportant un éclairage nouveau.
Il éclaire aussi les débats sensibles autour de l’immigration, des
accommodements raisonnables et des signes religieux. Qu’on se le tienne pour
dit, les Québécoises et les Québécois continuent de porter un « regard sacré »
sur plusieurs phénomènes culturels, sociaux et politiques.
*[ve]: 5e siècle
*[av. J.-C.]: avant Jésus-Christ
Jean-Baptiste s’emparent du char allégorique dédié au saint patron des
Canadiens français et le renversent. L’imposante statue du prophète tombe au
sol et sa tête s’en détache. Dans les jours qui suivront, on interprétera cet
acte violent en le rapprochant du récit biblique de la vie du saint : les
médias et le public qualifieront l’incident de « décapitation du Baptiste ».
Cette mort symbolique sonnera le glas des défilés et débouchera sur
l’institutionnalisation de nouveaux modes de célébration nationale. La
sécularisation de ce rendez-vous collectif annuel s’ajoute aux nombreuses
manifestations du passage de l’identité canadienne-française à l’identité
québécoise, mais la part de religiosité qu’elle contenait autrefois persiste
sous d’autres formes. Aux yeux de la sociologue Geneviève Zubrzycki, malgré le
rejet violent de la religion issue de la Révolution tranquille, la « priest-
ridden province » d’autrefois cache un squelette dans son placard comme on
traîne une douleur à un membre fantôme. Jean Baptiste décapité aborde la
relation changeante qu’entretiennent le nationalisme, la religion et la
laïcité dans une société qui, jusqu’à la fin des années 1960, entretenait un
lien indissociable entre identité nationale et religion. L’analyse est
originale, parce qu’à la différence de plusieurs penseurs des sciences
sociales, la sociologue de Chicago adopte une théorie du nationalisme qui
inclut le religieux comme facteur collectif persistant. Cela donne lieu à
l’élaboration d’une politique des symboles avec en son centre le concept de «
révolte esthétique ». Les sermons, les statues, les chansons, les hymnes, les
photos ou les chars allégoriques sont aussi importants que les institutions et
les rapports de force dans la compréhension du processus de sécularisation au
Québec. Ainsi, la pertinence d’une sociologie visuelle et matérielle de
l’identité collective pour le Québec, mais aussi pour d’autres sociétés,
s’impose au lecteur. Jean-Baptiste décapité emprunte des chemins déjà
fréquentés par la sociologie québécoise en y apportant un éclairage nouveau.
Il éclaire aussi les débats sensibles autour de l’immigration, des
accommodements raisonnables et des signes religieux. Qu’on se le tienne pour
dit, les Québécoises et les Québécois continuent de porter un « regard sacré »
sur plusieurs phénomènes culturels, sociaux et politiques.
*[ve]: 5e siècle
*[av. J.-C.]: avant Jésus-Christ
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