La vengeance de sang
EAN13
9782352889489
Éditeur
City éditions
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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La vengeance de sang

City éditions

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782352889489
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**Extrait**

**Prologue**

_Angleterre, 1795_

Si Isabeau Sainte-Croix avait su que ce serait son dernier r eveillon de Noel,
elle aurait repris une troisieme part de plum-pudding.
En l'occurrence, elle evitait les salons. Jamais elle n'aurait imagine qu'on
puisse etre aussi confine dans un parloir, mais quand elle en discuta avec
Benoit, il se contenta de rire et lui dit d'attendre un peu l'ete quand le
smog encrassait la ville.
-- Tu t'imagines peut-etre que je ne te vois pas d'ici, mon chou, fit-il
remarquer d'un ton sec.
Il etait grand, mince et arborait une moustache superbe. Tant de beaux
gentilshommes avaient fui la France pendant la Revolution que toutes les
grandes maisons de Londres se prevalaient d'un chef français. Peu importait
que la plupart de ces chefs n'aient jamais appris a faire cuire un oeuf dans
leur pays. Ici, a n'en pas douter, on appreciait suffisamment leurs talents.
-- Mais non, tu es en train d'assassiner mes carottes, dit-il a l'un de ses
aides.
Il le chassa.
Profitant de cet instant de distraction, Isabeau se recula dans l'obscurite de
la cuisine animee.
Elle aurait du s'en douter : Benoit etait bien decide a ce qu'elle danse en
pantoufles de satin comme le ferait n'importe quelle fille de noble. Peu de
temps auparavant, elle aurait meme supplie qu'on lui en laisse l'occasion. Et
avant cela encore, elle s'y serait attendue.
Passer une annee dans les rues de Paris l'avait changee.
Les robes en soie et les boucles d'oreilles de perles semblaient desormais
decadentes, et ridicules les inquietudes relatives a la mode ou au qu'en-
dira-t-on. Benoit etait au desespoir a l'idee qu'elle prefere sa compagnie au
plaisir de l'opera.
Mais elle adorait le crepitement de la cheminee, les fortes odeurs du pain qui
cuit et de la viande rotie. Ce soir-la, il y avait des bols d'huitres, des
assiettes de foie gras, une dinde aux marrons, de la creme d'amandes,
d'adorables et minuscules patisseries en forme de soleils et de feuilles de
houx.
Benoit etait la seule personne a qui elle put vraiment parler. Son oncle etait
plutot gentil, tout comme sa femme, mais il y avait pres de deux decennies
qu'il avait quitte la France. Il avait vecu a Paris du temps de la prise de la
Bastille. Il savait. Mais il ne la laisserait pas pour autant se cacher dans
la cuisine toute la nuit, quand bien meme elle supplierait.
-- Une petite part de galette ?
Il lui tendit une assiette et une fourchette. Il s'agissait de la
traditionnelle galette des Rois. Elle mordit dedans a pleines dents. À la
seconde bouchee, elle tomba sur la feve. Elle en lecha les miettes collees
dessus et la laissa tomber dans son assiette.
-- Voila ! dit Benoit en souriant. Je savais que tu aurais la feve.
Maintenant, c'est toi la reine de la soiree.
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